Port des Barques

Port des Barques

vendredi 8 décembre 2017

Jean-Pierre Lemaire pour marcher sur la mer



               Un chemin de bateaux, de draps frais et de maisons ouvertes,
               où des pas phosphorescents me précédaient la nuit. La fin était
               en pente douce. De loin en loin, il y avait des hommes-portes,
               des hommes-fenêtres, à travers lesquels on apercevait le monde.

               in L'armoire aux tempêtes, éditions Le Bateau Fantôme, 2016, p.15

         Revenant du large, par un incroyable chemin à flanc de vague, le lieutenant de L'Armoire
         aux tempêtes a mis vingt ans à sortir de la pluie, l'homme grave qu'il est devenu cherche lors
         d'un dialogue intérieur à relire le passé et donner sens à l'avenir :

                Le lieutenant :
        
                Là-bas, il n'y a pas de vie. Rien que des gouffres et du vent.
                Je ne sais même pas comment j'ai traversé. Sans doute l'ouragan
                Qui m'a ramené était-il plus fort que celui qui m'avait emporté.

                 ibid p.9

                L'homme :

            – Qu'as-tu vu au large, dans la pluie ? Si tu te souviens, tu m'éviteras peut-être de partir.

                ibid p.9

               Le lieutenant :

            – Au fond de la pluie, il y avait une face ruisselante, un visage aux yeux et aux lèvres fermés,
              noyé de souffrance mais vivant.
              (...)
              Il ne disait rien, mais son silence signifiait quelque chose.
              (...)
              Quelque chose comme "Je suis là".
           
               ibid p.p: 9/10

         In extrémis, une femme entre, qui s'écrie : "Ah! L'armoire aux tempêtes est ouverte...
         Tu penses donc toujours à la Marine?"...
         Suit la question essentielle, celle qui peut mettre un terme à d'inutiles tourments :
          "Est-ce que tu m'aimes? Ou bien es-tu encore là-bas ? "
         L'homme y répondra alors :"Je suis là-bas et je t'aime. Donne-moi la main pour marcher sur la
         mer".

          Être là pour l'autre au bon moment, l'amour tient souvent ce rôle :
         
         
              Ce soir, le soleil passe à travers nous. Mon corps transi depuis des mois commence à
              se réchauffer.

              ibid p.15

         Écrire, comme aimer, reste un risque à courir et, contre vents et marées, une belle façon
         d'aller de l'avant.
         Ce petit livre, qui tient dans la paume d'une main, témoigne d'une densité poétique rare,
         sans doute nous vient-il des souvenirs du marin que fut un temps son auteur.
         Pour en savoir davantage relire l'article indiqué ci-dessous, paru sur Le Temps bleu, en 2016.
          

Bibliographie :
  • L'armoire aux tempêtes, Jean-Pierre Lemaire, éditions Le bateau fantôme, 2016
sur internet:

  

        

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire