Port des Barques

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vendredi 1 septembre 2017

Rainer Maria Rilke: Lettres à un jeune poète


La rentrée est là, avec ses offres multiples, ses activités créatrices, ses nouvelles expositions, ses films. Je vous propose de relire cet extrait des Lettres à un jeune poète, écrites d'Italie par Rilke, en 1903 à un jeune homme qui sollicitait ses conseils :

         Les œuvres d'art sont d'une infinie solitude; rien n'est pire que la critique pour les aborder.  
         seul l'amour peut les saisir, les garder, être juste envers elles. Donnez toujours raison à votre
         sentiment à vous contre ces analyses, ces comptes rendus, ces introductions. Eussiez-vous
         même tort, le développement naturel de votre vie intérieure vous conduira lentement,
         avec le temps, à un autre état de connaissance.
         Laissez à vos jugements leur développement propre, silencieux; ne le contrariez pas, car,
         comme tout progrès, il doit venir du profond de votre être et ne peut souffrir ni pression
         ni hâte. Porter jusqu'au terme, puis enfanter : tout est là. Il faut que vous laissiez chaque
         impression, chaque germe de sentiment, mûrir en vous, dans l'obscur, dans l'inexprimable,
         dans l'inconscient, ces régions fermées à l'entendement. Attendez avec humilité et patience
         l'heure de la naissance d'une nouvelle clarté. L'art exige de ses simples fidèles autant que
         de ses créateurs.
 
Et pour illustrer cette solitude, ce poème de Rilke, extrait du Livre d'images ( 1898-1906) :
 
          Solitude
 
          La solitude est pareille à une pluie.
          elle croit de la mer vers les longs crépuscules ;
          de plaines qui sont étrangères et perdues
          elle va vers le ciel qui toujours la possède.
          et du ciel seulement essaime sur la ville.
 
          elle pleut sur le monde aux heures indécises,
          lorsque vers le matin se tournent les ruelles
          et quand les corps qui ne trouvèrent rien
          se lâchent et retombent attristés et déçus ;
          et quand des êtres qui l'un l'autre se haïssent
          sont forcés de dormir ensemble dans un lit :
 
          la solitude alors avance avec les fleuves...
 
Bibliographie :
  • Rainer Maria Rilke : Lettres à un jeune poète, éditions Bernard Grasset 1956
         
 
 

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